Christophe ReyntjensHommage
Le livre de la vie tourne des pages heureuses et malheureuses. Notre grand père a tourné beaucoup de ces pages en 96 ans et c’est avec beaucoup de tristesse que mercredi il fut l’acteur d’une de ces pages malheureuse.
Ce mercredi matin, après avoir reçu cette brutale nouvelle, c’était d’abord l’incrédulité, puis le choc. Tout au long de notre vie, nous l’avons toujours connu fort et solide et c’est aujourd’hui que nous réalisons la fragilité de la vie.
Force de vie, cultivé, sociabilité, hospitalité et pacifique étaient les qualités de celui que nous pleurons aujourd’hui, mais ces qualités de l’esprit étaient chez lui vivifiées par une certaine noblesse naturelle. Sa porte était toujours ouverte à celui qui la pousse. Pour lui, l’esprit de famille était très important.
Homme libre et amoureux de la nature, il mettait son indépendance comme première de ses valeurs et s’il avait pu choisir un départ, c’est certainement celui là qu’il aurait choisi. Oui, c’est vrai, il conduisait toujours sa voiture, faisait ses courses, lisait tous les matins ces nombreux journaux et magasines. Bref, pour lui perdre son autonomie aurait signifié sans aucun doute perdre la vie. Pour ce départ soudain, je suis heureux pour lui.
Quand il le pouvait encore, jusque dans les années 80, sa fierté était son potager et nombreux d’entre nous ici en avons profité de ses fruits et légumes dont il souhaitait personnellement décider le moment idéal pour les cueillir.
Nous nous disions souvent les uns aux autres « qu’il ne nous téléphone pas beaucoup ». Mais je suis sur qu’au fond de lui c’était de la pudeur et de la réserve, car chaque coup de téléphone qu’il recevait ou chaque visite que nous lui faisions, le remplissait de joie jusqu’à la suivante. Et j’en suis heureux, il en avait beaucoup, car entre nous, cela arrivait souvent qu’il faille réserver plusieurs semaines à l’avance une plage horaire pour le voir dans le week-end.
Nous l'avions tous laissé si gai, si bien portant, dans la joie de ses dernières visites dans sa maison à Amougies : « La Sablière » qu’il affectionnait beaucoup, et où nous y avons tous énormément de souvenir : ses enfants, petits-enfants, arrière petits-enfants, frères, sœurs, cousins, famille et amis.
A chacune de ces visites, je ne me suis jamais demandé « qu’est ce que je vais bien pouvoir lui raconter ». Les sujets de conversations venaient spontanément ouvert et libre, il était cultivé, s’intéressait à la vie moderne de ses petits enfants, leur travail, leur hobby. Bref, il a gardé tous ses esprits jusqu’à son dernier souffle.
Il avait dompté la nature, et je lui ai demandé à plusieurs reprises quel était son secret pour vivre en aussi bonne santé, aussi longtemps ; et à chaque fois il me répondais « qu’il faut profiter de tout dans la vie, goûter à tout, mais toujours avec modération ».
En près d’un siècle d’existence, tu as vécu plusieurs vies bien remplies ; et ces dernières années, nous t’avons découvert changé comme arrière grand-père, nous t’avons vu sous un jour nouveau quand tu babillais avec tes nombreux arrières petits-enfants.
Nous avons tous beaucoup de peine à l'idée que ce ne sera jamais plus comme avant. A présent que tu nous as quitté, tu vas rejoindre notre grand-mère « Mana » que tu as tant aimé dans cette maison. Tu nous laisses le souvenir d’une vie pleine et le témoignage d’un homme fier de sa famille.
Notre Grand-père était profondément croyant, et nous sommes tous ici pour lui dire un dernier au revoir et qu’il sache qu’il sera toujours dans notre cœur.
Christophe Reyntjens